Dans quelques heures, dans l'auditorium du collège, je serai présentée, ainsi que tous mes collègues, aux élèves de 5e secondaire. Suis-je superstitieuse? C'est ma 13e rentrée scolaire et ça coïncide avec ma "promotion". Je quitte 8 années d'enseignement en 2e secondaire pour me consacrer dorénavant exclusivement à la 5e secondaire. En fait, je retourne à mes premières amours. Mes collègues me trouvent un peu "sautée" d'avoir demandé moi-même cette assignation. Que voulez-vous. J'aime les défis et je trouvais que je n'en relevais plus beaucoup en 2e. Et puis j'en ai un peu marre de la littérature jeunesse. Je rêve de lire des romans pour adulte et de me dire "voilà qui serait bien pour mes grands élèves". J'en ai marre d'expliquer la différence entre "ce" et "se", quoique l'expérience me dit que je vais continuer à l'expliquer en 5e...
J'aime la frénésie des filles de 5 qui m'apportent la photo de leur robe de bal, celle des gars de l'équipe de football qui vont "casser la gueule, ça va saigner, on vous le garantit, madame, à nos adversaires de ce fameux collège de l'ouest de Montréal". J'essaie pour l'instant de ne pas trop penser à tous ces textes argumentatifs qu'il faudra corriger ainsi qu'à toutes ces dictées, ces critiques de théâtre, ces analyses de La vie devant soi et de Germinal... aux 12 crayons verts (rouge, c'est out!) "Pilot Technipoint 5 ou 7" qui rendront l'âme durant cette folle équipée. Je pense à tous ceux et celles qui me disent, comme cette préposée du centre sportif où je m'entraînais tout à l'heure: "T'es prof (silence recueilli)... au secondaire? (visage d'intense compassion) Pauvre toi! En secondaire 5???? (yeux incrédules à la limite de l'exorbitation) Moi je s'rais pas capab..."
Souvent, je me demande si je suis capable. Puis je vois le plus grand costaud de la classe, un tueur sur un terrain de football, tout absorbé par sa lecture du roman de Colleen McCullough Les oiseaux se cachent pour mourir, à la recherche d'exemples et de citations parce qu'il va participer au débat "Faut-il laisser nos choix amoureux influencer notre carrière?" À côté de lui, sa blonde Barbie, celle qui était à l'avant de la scène en "microkini" lors du dernier défilé de mode, celle qui oublie présentement de se mettre du brillant à lèvres aux cinq minutes, parce qu'elle essuie ses yeux avec un kleenex: elle lit le passage de la mort du petit garçon du juge Othon dans La Peste . Et puis mon beau griot tout droit débarqué du Congo, qui se cherche une identité dans ce pays de froid, et qui justement a appris à se geler avec toutes sortes de substances, qui sort de sa torpeur éternelle le temps de me composer un slam absolument fabuleux, lumineux, plein d'espérance. Pour tous ces moments de grâce, je suis capable.
lundi 27 août 2007
mardi 7 août 2007
L'Atlantide existe!
Ma fille de 7 ans et demi m'a demandé l'autre jour si l'Atlantide existait vraiment. Je lui ai répondu que c'était une légende. Alors elle s'est exclamée: "Mais pourquoi alors, à la télé, ils disent, voici maintenant la météo, pour les provinces de l'Atlantide, 6 degrés..."
L'Atlantide, un paradis perdu... eh bien, j'en ai retrouvé un, paradis perdu. C'est le premier été, depuis que fiston est né, que je peux lire! Je n'ai pas retrouvé ma vitesse de croisière d'antan, mais j'ai tout de même pu dévorer
Bon, je me sens un peu coupable, car il faudrait bien que je relise Germinal de Zola afin de préparer un document qui va faciliter l'abord de cette oeuvre monumentale à mes élèves de 5e secondaire. Je veux leur offrir un genre de carnet de bord avec des pistes de réflexion, des explications de certaines réalités politiques et morales de l'époque. La frontière est mince entre un document qui leur mettrait tout cuit dans la bouche et celui de mes rêves: celui qui leur donnerait le goût de sentir ce qui se passe de grandiose et de dramatique dans Germinal. Je veux tellement qu'ils puissent réfléchir tout seuls! Il faudrait bien pour cela que je me mette au travail sans trop tarder... la rentrée approche!
L'Atlantide, un paradis perdu... eh bien, j'en ai retrouvé un, paradis perdu. C'est le premier été, depuis que fiston est né, que je peux lire! Je n'ai pas retrouvé ma vitesse de croisière d'antan, mais j'ai tout de même pu dévorer
- La conspiration des Franciscains de John Sack. Intéressant mais trop "épivardé".
- Le bien des miens de Janette Bertrand. Inégal et un peu naïf, je dirais, rien de nouveau sous le soleil.
- La trace de l'escargot de Benoît Bouthillette. Mes hommages, M. Bouthillette, c'est captivant et merveilleusement bien écrit. C'est la première fois aussi que je rencontre un personnage d'homme si attachant parce qu'il nous livre ses moindres pensées. Moi, Benjamin Sioui, inspecteur de la SQ, autochtone, daltonien, peintre, cocaïnomane et amoureux, il m'a tout à fait ensorcelée. C'est à la base un polar, mais c'est tellement plus en raison de toutes ces références culturelles et artistiques qui peuplent le livre. Tout à fait mon genre!
- 20h17 rue Darling de Bernard Émond. Du bon stock, ça aussi! Rapide et efficace!
- Instruments des ténèbres de Nancy Huston. Je l'avoue, c'est la première fois que je lis Nancy Huston. Pourtant j'avais suivi avec délectation ses émissions à la radio de Radio-Canada en 1995 "Tombeau de Romain Gary", mais j'en ai marre des romans où le personnage principal est un romancier ou une romancière qui analyse son acte d'écrire, qui s'interroge sur ses capacités... au moins, dans le roman qui nous occupe, elle intercale les chapitres du roman que le personnage Nadia/Nada est en train d'écrire. Je suis heureuse d'avoir surmonté ma peur de Nancy Huston.
- Le bizarre incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon. Un autiste de 15 ans mène sa propre enquête au sujet de la mort du chien de la voisine. Ça a l'air un tantinet simpliste, dit comme ça, mais non, il y a de la chair autour de l'os en masse. Un bon roman à faire lire à mes élèves...
- et là, j'ai commencé depuis hier Hadassa de Myriam Beaudoin. Depuis que je suis adolescente, j'ai toujours été fascinée par "l'univers juif". Ce roman est pour moi une autre façon d'avancer un peu plus dans ce monde protégé, un brin ésotérique. Certains amis juifs m'ont dit que j'en savais plus qu'eux-mêmes sur leur culture.
Bon, je me sens un peu coupable, car il faudrait bien que je relise Germinal de Zola afin de préparer un document qui va faciliter l'abord de cette oeuvre monumentale à mes élèves de 5e secondaire. Je veux leur offrir un genre de carnet de bord avec des pistes de réflexion, des explications de certaines réalités politiques et morales de l'époque. La frontière est mince entre un document qui leur mettrait tout cuit dans la bouche et celui de mes rêves: celui qui leur donnerait le goût de sentir ce qui se passe de grandiose et de dramatique dans Germinal. Je veux tellement qu'ils puissent réfléchir tout seuls! Il faudrait bien pour cela que je me mette au travail sans trop tarder... la rentrée approche!
samedi 19 mai 2007
La Journée nationale des Patriotes

Lundi, c'est la Journée nationale des Patriotes. Si vous n'avez pas beaucoup de connaissances sur les Rébellions de 1837-1838, je vous recommande un très beau roman écrit pour les adolescents par Daniel Mativat. Il s'agit de Nuits rouges. C'est un petit roman tout simple, mais qui illustre bien les enjeux chers aux gens épris de démocratie dans cette époque tourmentée.
Du côté des films, 15 février 1839 de Pierre Falardeau et Quand je serai parti, vous vivrez encore de Michel Brault sont deux oeuvres incontournables. Dans le premier, on assiste aux derniers moments de Thomas Chevalier de Lorimier avant sa pendaison le 15 février. C'est Luc Picard qui incarne ce patriote légendaire.
Dans le deuxième film, on suit un jeune patriote, François-Xavier Bouchard, joué par Francis Reddy, alors qu'il participe aux batailles ratées de 1838 dans le coin de Lacolle pour ensuite expérimenter les cachots de la prison du Pied du courant. Ce n'est pas un chef d'oeuvre du cinéma, mais ça vaut la peine de s'y attarder ne serait-ce que pour l'image très forte à la toute fin du film.
J'ai trouvé la photo du drapeau historique des Patriotes sur le site suivant:
www.petite-nation.qc.ca/patrimoine/manoir.html.
dimanche 25 mars 2007
Une belle aventure musicale!
En janvier, ma collègue Anne-Marie Quesnel m'a demandé si je voulais être sa choriste dans le spectacle qu'elle préparait avec Patrice Pronovost, son mari et guitariste. Ensemble, ils forment le duo Cargo. J'étais très honorée qu'elle ait pensé à moi, car, depuis que j'ai des enfants, je ne chante presque plus et je ne joue plus très souvent de piano non plus. L'aventure a pris fin vendredi avec le spectacle à la Boîte à chanson de L'Assomption. C'était très agréable. L'ambiance est très intime, car on y accueille une centaine de spectateurs qu'on assoit à des tables. Anne-Marie a une voix magnifique et elle a beaucoup de présence sur scène. Elle passe aisément des succès francophones aux "Solid Gold" anglais des années 80 et 90 et 2000. Patrice, à la guitare, est à la fois un excellent soliste et un très fidèle accompagnateur. Ensemble, ils ont aussi composé des chansons très originales dont on a offert quelques exemples à nos auditeurs. Le groupe était complété par deux jeunes musiciens très prometteurs, Dave Gingras à la basse et Olivier Fiset aux percussions.
Pour ma part, j'ai beaucoup aimé cette expérience de choriste. Il fallait trouver les lignes mélodiques les plus adaptées aux chansons, bien doser ma voix pour la fondre avec celle d'Anne-Marie qui m'a beaucoup aidée. Le plus dur pour moi? Chanter avec un micro. Ce fut tout un apprentissage. Je ne suis pas du tout habituée, car je suis de l'école classique dans laquelle on chante sans micro avec le seul pouvoir de notre voix et de nos poumons. Autre défi: trouver une voix plus rock, moi qui suis du genre soprano léger...
Pour ma part, j'ai beaucoup aimé cette expérience de choriste. Il fallait trouver les lignes mélodiques les plus adaptées aux chansons, bien doser ma voix pour la fondre avec celle d'Anne-Marie qui m'a beaucoup aidée. Le plus dur pour moi? Chanter avec un micro. Ce fut tout un apprentissage. Je ne suis pas du tout habituée, car je suis de l'école classique dans laquelle on chante sans micro avec le seul pouvoir de notre voix et de nos poumons. Autre défi: trouver une voix plus rock, moi qui suis du genre soprano léger...
dimanche 11 mars 2007
2 jours à Québec
Pour terminer la semaine de relâche, nous avons pu téléporter la petite famille à Québec. Nous y allions principalement pour l'exposition Botero au Musée national des beaux-arts du Québec. Surprise! C'était gratuit pour la relâche. Nous avons donc économisé 20 dollars, tout de même! Il fallait voir notre fille de 7 ans et son petit frère de 2 ans et demi émerveillés devant les peintures très colorées, représentant des personnages très en chair, du peintre colombien. Une excellente initiation aux arts visuels pour les tout-petits. Nous fréquentons déjà beaucoup les musées avec les enfants, alors ils sont familiers avec cet univers. On leur lance des défis: trouvez une peinture sur laquelle il y a un chat... un petit drapeau, etc. On dépoussière les musées, quoi! Autre très belle exposition qu'on a pu visiter: Au Pérou avec Tintin, présentée au Musée de la civilisation. C'est surtout notre fille qui a apprécié sa visite puisque, pour la première fois, elle avait un audioguide qu'elle pouvait contrôler elle-même. Par contre, à la sortie, notre fils y a aussi trouvé son compte en bricolant une coiffure inca digne de Rascar Capac! 
Côté nature, nous brûlions de voir de nos propres yeux le "pain de sucre", cet amas de glace qui se forme en bas de la chute Montmorency. Fascinant!
Mais ce qui, je crois, demeure le coup de coeur de toute la famille, c'est le domaine de Maizerets, un secret très bien gardé! Nous allons tous les étés à Québec depuis 10 ans et nous sommes toujours passés à côté de ce beau domaine sans le savoir. C'est en faisant une recherche pour trouver une patinoire dans un décor enchanteur que je suis tombée là-dessus. Un manoir magnifique dont la partie la plus ancienne date de 1705, une patinoire très bien entretenue, toutes les installations sont gratuites... Il n'en fallait pas plus pour conquérir des amateurs d'histoire et de patin comme nous! Après notre séance de patinage,
nous avons pu en savoir davantage sur cette belle propriété en visitant la petite exposition à l'intérieur de l'imposant manoir. De plus, un bénévole nous a pris en affection et nous a permis de monter à l'étage pour voir les vieux planchers, les vieux escaliers d'origine. Il est même allé nous faire des
photocopies de documents pour qu'on ait une chronologie exhaustive de l'évolution du domaine!
Demain, c'est le retour à la vraie vie, à l'école, aux corrections, aux préparations de cours...
Côté nature, nous brûlions de voir de nos propres yeux le "pain de sucre", cet amas de glace qui se forme en bas de la chute Montmorency. Fascinant!
Mais ce qui, je crois, demeure le coup de coeur de toute la famille, c'est le domaine de Maizerets, un secret très bien gardé! Nous allons tous les étés à Québec depuis 10 ans et nous sommes toujours passés à côté de ce beau domaine sans le savoir. C'est en faisant une recherche pour trouver une patinoire dans un décor enchanteur que je suis tombée là-dessus. Un manoir magnifique dont la partie la plus ancienne date de 1705, une patinoire très bien entretenue, toutes les installations sont gratuites... Il n'en fallait pas plus pour conquérir des amateurs d'histoire et de patin comme nous! Après notre séance de patinage,
nous avons pu en savoir davantage sur cette belle propriété en visitant la petite exposition à l'intérieur de l'imposant manoir. De plus, un bénévole nous a pris en affection et nous a permis de monter à l'étage pour voir les vieux planchers, les vieux escaliers d'origine. Il est même allé nous faire des
Demain, c'est le retour à la vraie vie, à l'école, aux corrections, aux préparations de cours...
jeudi 1 mars 2007
Une pensée pour mon amie!

Je pense à toi très fort, ma chère amie! Nous sommes toutes avec toi! Tu as déjà un caractère redoutable pour qui ne te connaît pas. Cette engeance de carcinôme n'a qu'à bien se tenir!
samedi 27 janvier 2007
Éteignez vos cellulaires!
Cet après-midi au Théâtre du nouveau monde, Benoît Brière campait Sganarelle, le sympathique valet de Don Juan incarné par le ténébreux James Hyndman dans la pièce de Molière. Bien que j'aie passé un agréable moment au théâtre, ce n'est pas des performances de ces deux grands comédiens dont il sera question ici, mais de civisme lors d'un spectacle. C'est que j'ai été presque choquée de la manière dont on nous a demandé d'éteindre nos cellulaires et tutti quanti. Cette tâche incombait à Benoît Brière lui-même qui, ayant recours aux techniques de la commedia dell'arte, mimait toutes les situations qui dérangent public et comédiens: le cellulaire, la montre à bip bip, le petit bonbon et son maudit petit emballage, les toux tonitruantes et les ronflements. J'ai beaucoup ri parce que c'était très drôle, mais, en même temps, j'étais consternée: faut-il que nous soyons rendus si barbares qu'il faille rappeler tout ça à un public avant le début de la pièce! Faut-il que nous soyons devenus si insensibles aux rappels discrets de «la voix venant du ciel» avant chaque spectacle pour que les comédiens doivent maintenant envoyer eux-mêmes un message visuel, sonore et percutant? J'ai honte pour nous tous! J'appelle mon vieux copain François Villon à la rescousse alors qu'il soupirait vers 1450: «Mais où sont les neiges d'antan?» (Ballade des dames du temps jadis)
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